La date du 19 mars 1812, le jour de la fête de la Saint Joseph, où la première Grande charte libérale d'Europe a été approuvée et promulguée à l'oratoire de San Felipe Néri ; les habitants de Cadix ont appelé cette constitution « La Pepa ».
Comment ne pas faire la fête ? Alors que les français bombardaient la ville de plus de 15 000 projectiles, Cadix continuait à produire des pièces de théâtre et inventait des chants de guerre, dont le célèbre air « avec les bombes des fanfarons, les femmes de Cadix se font des boucles en tire-bouchon ». Cette chanson contait un fait réel : une bombe était tombée tout près de l'hôpital pour femmes de Cadix ; elle contenait plus de plomb que de poudre, et les femmes se servirent de ce métal pour faire des bigoudis et arborer ainsi de belles boucles.
Cadix réhabilitera pour l'avenir des lieux emblématiques, comme par exemple l'Oratoire de San Felipe Neri, qui a accueilli les débats des Cortes et la rédaction de « la Pepa ». L'église et le bâtiment annexe seront ouverts au public en mars, en tant que centre d'interprétation de la Pepa. Il s'agissait d'une charte qui, pour la première fois, établissait la souveraineté populaire, la division des pouvoirs, la liberté d'expression, la liberté de la presse ou l'universalité de l'éducation, qui ont déterminé la modernité en Espagne, en Amérique et en Europe.
En 2010, on a fêté la composition des premières Cortes générales et extraordinaires en Espagne,qui a eu lieu en 1810 dans la ville de San Fernando, alors appelée « Isla de León ». C'est à Cadix, en 1812, que les fruits en ont été récoltés, avec l'approbation de la première constitution espagnole, qui fut la première constitution libérale en Europe. L'objet de l'article 13 soulignait : « le but du gouvernement est le bonheur de la nation ».
Grâce à ce texte, l'Espagne abandonnait les principes de l'ancien régime, le droit par héritage et la monarchie absolue, et se tournait vers de nouvelles valeurs auxquelles on ne peut renoncer de nos jours, telles que la souveraineté nationale, le droit à l'éducation ou la liberté de la presse et de la pensée. Ces droits ont donné lieu à une nouvelle société qui a vu l'abolition des seigneuries et de l'Inquisition et l'apparition d'une réforme de l'agriculture ainsi que l'établissement de nouvelles garanties de droit pénal. De là sont nés les libertés, les droits civils, le concept du citoyen... toutes ces valeurs qui ont mené vers la modernité.
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